_ « Le Sénégal a toujours été un modèle positivement apprécié en Afrique et dans le monde en matière de démocratie et de stabilité socio-politique. Cette image positive, acquise au bout de longues luttes pacifiques avec des transmissions apaisées du pouvoir, semble être aujourd’hui menacée par des risques de tensions réels qui pèsent grandement sur la vie politico- économique et sociale du pays. En effet, depuis les évènements de Mars 2021, marquant une période trouble sur l’étendue du territoire national, en particulier dans les capitales régionales, le contexte dans lequel évoluent les populations demeure en constante ébullition. Selon les informations officielles communiquées, le Sénégal a enregistré pas moins de trente (30) morts entre 2021 et 2023 lors de différentes manifestations, ainsi que des centaines de personnes blessées et une vague d’arrestations. Un bilan lourd de conséquences pour les familles, les acteurs économiques et les couches vulnérables avec également des pertes matérielles énormes. Cette situation, perçue comme la résultante d’un concours de circonstances selon certains analystes, révèle, par ailleurs, un véritable soubassement politique mettant surtout la jeunesse au cœur des responsabilités. De ce point de vue, les opérations de pillages, le saccage des biens publics comme privés et autres dommages collatéraux comptabilisés, sont souvent imputés aux jeunes en dépit de la pluralité des acteurs qui partagent la sphère politique. Ce constat, documenté si l’on se réfère à la tranche d’âge des victimes, doit inspirer et déterminer le choix d’une stratégie anticipative et efficace afin de se prémunir d’éventuelles scènes de violence à l’avenir, surtout que nous sommes à quelques mois de la validation des candidatures à l’élection présidentielle qui doit se tenir le 25 février 2024. Ainsi, il convient de préciser que les moments d’accalmie notés par intermittence et qui traversent cette problématique sont loin d’être une garantie immuable de stabilité et de cohésion nationale. Dès lors, faudrait-il rappeler, il existe toujours d’autres facteurs latents qui peuvent faire basculer, à nouveau, le pays dans un cycle de violence aux conséquences incalculables pour sa stabilité. Dernièrement, le processus a connu plusieurs rebondissements inédits depuis la publication de la liste définitive des candidats par la juridiction électorale. Sur la base de saisine par l’Assemblée Nationale d’une accusation de corruption entre un candidat retenu et deux juges du Conseil Constitutionnel, le Président de la République a abrogé le décret convoquant le corps électoral à quelques heures de l’ouverture de la campagne électorale. Ce qui a provoqué des manifestations violentes et une mobilisation forte de la population pour le respect du calendrier républicain. Cette exigence semble être suivie par le Conseil Constitutionnel qui a donné avis défavorable (après saisine du Président) aux conclusions du dialogue national organisé entretemps par le Président de la République. Le nouveau décret fixant une nouvelle date du scrutin à plus ou moins tempéré l’environnement politique, même si une partie des candidats recalés continue avec insistance à réclamer une élection inclusive et transparente en vue d’optimiser les chances de participation de tous les candidats déclarés. Cette exigence souvent exprimée est une raison édifiante sur les risques potentiels de tensions si le processus venait à être interrompu à nouveau. À cela s’ajoute l’analyse des données issues du Rapport général du monitoring de la violence dans le cadre du Programme d’Observation et de Monitoring de l’Élection présidentielle 20191 , qui confirme l’existence d’affrontements entre groupes de personnes et d’agressions physiques comme incidents fréquents relevés.Dans une dynamique préventive et de résolution, il serait donc fondamental de privilégier des initiatives visant à sensibiliser les acteurs, notamment les jeunes et l’ensemble des parties prenantes concernées par la préservation de la paix sociale et la pacification de l’espace politique au Sénégal. Conscient des enjeux d’une telle démarche en perspective de l’Élection présidentielle prévue le 24 mars 2024, l’Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Économique en Afrique (OSIDEA) en partenariat avec NDI, organise un Forum d’échanges et de partage d’expérience sur la problématique de la violence électorale le lundi 18 Mars 2024 à l’Hôtel Keur Dada, Saint-Louis. Cette rencontre marque le lancement de la Campagne d’Éducation Citoyenne avec les Jeunes sur la Prévention des Conflits en période électorale au Sénégal et plus particulièrement dans la Région de Saint-Louis qui s’inscrit dans le cadre du ‘’Programme Nietti Élections’’ piloté par le COSCE. Il s’agira en effet de faire saisir aux jeunes les enjeux de transparence du processus électoral, les défis sécuritaires et économiques ainsi que tous les sujets d’intérêt national liés à la prochaine présidentielle. La finalité est de renforcer leur citoyenneté afin de les préparer à contribuer efficacement au bon déroulement de l’élection du 24 mars 2024 dans un environnement apaisé ».