Mois : novembre 2019
Gandiol : L’Ecole Impactée par Sea Production
Gandiol : Les Populations Réclament la Fermeture de Sea Production
Politique au Sénégal : La gangrène et ses tentacules (Par Bapau, conseiller municipal et coordonnateur des sages de l’Apr à Saint_Louis)
Au rythme où vont les choses et les scandales, je crains fort que les Sénégalais les plus téméraires quand il s’agit de garder foi en ce pays finiront par lâcher prise pour la bonne et simple raison que leur capacité d’indignation sera réduite à néant. Le mal est profond, les tentacules de la gangrène ont fini de tout phagocyter. Avec cette affaire Boughazelli, la question qui me taraude l’esprit est liée au recrutement d’une grande partie du personnel politique devant présider aux destinées de notre société. En effet, les meilleurs d’entre nous ont préféré se détourner de la chose politique et comme la nature s’accommode très mal du vide, les responsabilités désertées ont trouvé des occupants aux profils douteux voire rocambolesques. Représenter et porter la voix du peuple au sein de l’hémicycle devrait être un privilège accordé à des hommes et femmes de valeur dignes de confiance et non à un énergumène dont le seul fait de gloire a consisté à être un numéro reconnu du mouvement navétane à Guédiawaye qui s’enduisait de sable lorsque son équipe gagnait pour montrer son extrémisme dans sa passion de la bêtise. Depuis Wade, l’occupation des positions politiques est galvaudée et que tout semble être à la portée de tous, seules les accointances et les affinités avec le chef suprême sont prises en compte à l’heure du choix. Le Sénégal était reconnu dans le monde comme étant un pourvoyeur de ressources humaines de haut niveau. Qui ne se souvient pas des magistères de Babacar Ndiaye à la BAD,Cheikh Fall à Air Afrique, Amadou Moctar Mbow à l’UNESCO, Jacques Diouf à la FAO, Abdou Diouf à l’OIF entre autres ? Des années après, on semble toucher le fond quand Moustapha Cissé Lô est désigné pour présider le Parlement de la CEDEAO au nom de notre pays. Cet homme sulfureux et dénué de tout sens de la mesure n’a nullement la hauteur nécessaire pour être le délégué de quartier de Sicap Darabis. Cela dénote d’une certaine légèreté et de la primauté des paramètres partisans au détriment des intérêts supérieurs du peuple et du prestige de notre Etat. Les scandales qui se succèdent allant de la disparition de quantités de cocaïne saisies au vol de munitions en passant par les trafics de faux billets et de faux médicaments ne sont que la suite logique du choix de certains hommes à des postes stratégiques et à l’impunité. Les conséquences deviennent désastreuses et les répercussions sociétales évidentes. Le rapport du Sénégalais à l’argent est aussi devenu un terreau fertile à toutes les compromissions et ignominies. Les carences chroniques de nos élites ont engendré un déficit d’exemplarité pour fixer le bon cap. Le leadership ne peut se détacher de l’irréprochabilité comme nous l’enseignait Cheikhoul Khadim en disant ceci : «le bon guide est celui qui s’applique sans concession les principes qu’il définit en ne transgressant point ses propres interdits ». Si nous auscultons la substance d’une telle assertion, nous cernons les causes profondes de l’impossibilité de mettre ce pays sur les bons rails. Impérativement, il faudra nettoyer les écuries d’Augias pour assainir l’écosystème dans toutes ses composantes. Cela passera par la promotion du mérite et de la probité au détriment de la volonté discrétionnaire du chef et aussi par la reddition de comptes par toute personne quel que puisse être son niveau de responsabilité si elle est investie d’une mission publique sensée servir l’intérêt général. Faute de quoi, cette déliquescence sociale aura comme apogée la transformation de notre pays en Etat narcotique, mafieux et voyou. Bref toutes les caractéristiques qui finissent par en faire un non-Etat tout simplement.
Leçons aux Africains
Des milliers de kilomètres séparent Saint_Louis du Sénégal et la ville canadienne de Montréal. Mais la vérité n’ayant pas de frontière, et fidèle à son credo de cracher la vérité, le site de référence www.miroironeline.com à pris l’option de relayer, in extenso, cette missive pédagogique d’un confrère d’Outre_manche. » J’attendais tranquillement un ami aue terminus d’autobus de Montréal quand un monsieur d’un certain âge a pris place à mes
côtés avant d’engager l’une des conversations les plus
enrichissantes de ma vie. Professeur d’études stratégiques
dans un institut international, l’homme connaît le continent
africain comme le fond de sa poche. Son analyse, son point
de vue sur notre avenir, donne froid dans le dos. Et s’il vous
plaît, ne sortez pas la rancune du « colon nostalgique ».
Lisez avec la tête et la raison ce qu’il dit. Je vous rapporte fidèlement ses constats :
« Cela fait maintenant plus de 25 ans que j’enseigne la stratégie. Dans ma carrière, j’ai eu affaire à des dizaines d’officiers et de
hauts fonctionnaires africains. Je suis malheureusement obligé de vous dire ceci : du point de vue des études stratégiques, de l’analyse et de l’anticipation, je leur donne un gros zéro pointé.
Nos stagiaires africains sont très
instruits, ils ont de belles tenues militaires ou manient le français de manière remarquable, mais, dans les cours, ils ne nous apportent rien. Tout simplement, parce qu’à ma connaissance, dans toute l’Afrique francophone, il n’y a pas un seul centre d’études stratégiques et internationales avec des vrais professionnels à leur tête. Je vais vous expliquer
pourquoi je n’ai aucun espoir pour ce continent. Au moment où je parle, le monde fait face à trois enjeux principaux : l’énergie,
la défense stratégique et la mondialisation. Donnez-moi un seul cas où l’Afrique apporte quelque chose: Rien !
Commençons par l’énergie et précisément le pétrole:
Tous les experts mondialement reconnus sont unanimes à
reconnaître que d’ici 15 à 20 ans, cette ressource sera rare et excessivement chère. En 2020, le prix du baril tournera autour de 120 dollars. C’est conscients de cette réalité que des pays comme les USA, la France, la Chine, le Royaume Uni, etc. ont mis sur pied des task force chargés d’étudier et de proposer des solutions qui permettront à ces nations de faire main basse sur les ressources mondiales, de s’assurer que quoi qu’il advienne, leur approvisionnement sera assuré. Or, que constate-t-on en Afrique ? Les dirigeants de ce continent ne sont même pas conscients du danger qui les guette : se retrouver tout simplement privé de pétrole, ce qui signifie ni plus ni moins qu’un retour à la préhistoire ! Dans un pays comme le Gabon qui verra ses puits de pétrole tarir dans un maximum de 10 ans, aucune
mesure de sauvegarde, aucune mesure alternative n’est
prise par les autorités. Au contraire, ils prient pour que l’on retrouve d’autres gisements. Pour l’Afrique, le pétrole ne comporte aucun enjeu stratégique : il suffit juste de pomper et de vendre. Les sommes récoltées prennent deux directions : les poches des dirigeants et les coffres des marchands d’arme. C’est pathétique!
Ensuite, la défense stratégique: L’état de déliquescence des armées africaines est si avancé que n’importe quel mouvement armé disposant de quelques
pick-up et de Kalachnikov est capable de les mettre en déroute. Je pense qu’il s’agit plus d’armées de répression intérieure que de guerre ou de défense intelligente.
Pourquoi ? Parce que, comparées aux armées des nations développées, de la Chine, de l’Inde ou du Pakistan, les forces africaines rappellent plus le Moyen âge que le 21e siècle. Prenez par exemple le cas de la défense anti-aérienne. Il n’y a quasiment aucun pays qui possède un système de défense équipé de missiles anti-aériens modernes. Ils ont encore recours aux canons antiaériens. Les cartes dont disposent certains états-majors datent de la colonisation ! Et aucun pays n’a accès à des satellites capables de le renseigner sur les mouvements de personnes ou d’aéronefs suspects dans son espace aérien sans l’aide de forces étrangères. Quelle est la conséquence de cette inertie ? Aujourd’hui, des pays comme les Etats-Unis, la France ou le Royaume-Uni peuvent détruire, en une journée, toutes les structures d’une armée africaine sans envoyer un seul soldat au sol… Rien qu’en se servant des satellites, des missiles de croisière et des bombardiers stratégiques. A mon avis et je crois que je rêve, si les pays africains se mettaient ensemble, et que chacun accepte de donner seulement 10 % de son budget militaire à un centre continental de recherche et d’application sur les systèmes
de défense, le continent peut faire un pas de géant. Il y a en
Russie, en Ukraine, en Chine, en Inde, des centaines de
scientifiques de très haut niveau qui accepteraient de travailler pour 3000 dollars US par mois afin de vous livrer des armes sophistiquées fabriquées sur le continent et servant à votre défense. Ne croyez pas que je rigole. Il ne faut jamais être naïf. Si la survie de l’Occident passe par une re-colonisation de l’Afrique et la mainmise sur ses ressources naturelles vitales, cela se fera sans état d’âme. Ne croyez pas trop au droit international et aux principes de paix, ce sont toujours les faibles qui s’accrochent à ces chimères.
Je pense qu’il est temps de transformer vos officiers (dont
90 % sont des fils à papa pistonnés qui ne feront jamais la guerre et je sais de quoi je parle) en scientifiques capables de faire de la recherche et du développement. Mais, je suis sceptique. Je crois que ce continent restera enfoncé dans le sommeil jusqu’au jour où le ciel lui tombera sur la tête. Enfin, la mondialisation: Malheureusement, comme dans
tous les autres sujets qui ont fait leur temps, les stagiaires africains que nous recevons sont d’excellents perroquets qui répètent mécaniquement les arguments qu’ils entendent
en Occident. A savoir, il faut la rendre humaine, aider les pays pauvres à y faire face. Vous savez, dans mes fonctions, il y a des réalités que je ne peux dire, mais je vais vous les dire. La mondialisation est juste la forme
moderne de perpétuation de l’inégalité économique. Pour
être clair, je vous dirai que ce concept a un but : garder les
pays pauvres comme sources d’approvisionnement en biens et ressources qui permettraient aux pays riches de conserver leur niveau de vie. Autrement dit, le travail dur, pénible, à faible valeur ajoutée et impraticable en Occident sera fait dans le Tiers-monde. Ainsi, les appareils
électroniques qui coûtaient 300 dollars US en 1980 reviennent toujours au même prix en 2006. Et puisque l’Afrique n’a toujours pas un plan cohérent de
développement économique et d’indépendance, elle continuera à être un réservoir de consommation où seront déversés tous les produits fabriqués dans le monde.
Pour moi, l’indépendance signifie d’abord un certain degré d’autonomie. Mais, quand je vois que des pays comme le Sénégal, le Mali, le Niger, le Tchad ou la Centrafrique importent quasiment 45 % de leur propre nourriture de l’étranger, vous comprendrez qu’un simple embargo militaire sur les livraisons de biens et services suffirait à les anéantir. Pour terminer, je vais vous raconter une anecdote: Je parlais avec un colonel sénégalais venu en stage chez nous il y a quelques mois. Nous regardions à la télévision les images de millions de Libanais qui défilaient dans les rues pour réclamer le retrait des soldats syriens de leur pays. Je lui ai demandé ce qu’il en pensait.
Il m’a répondu : « Les Libanais veulent retrouver leur
indépendance et la présence syrienne les étouffe ». C’est la
réponse typique de la naïveté empreinte d’angélisme. Je lui
ai expliqué que ces manifestations ne sont ni spontanées ni l’expression d’un ras-le-bol. Elles sont savamment planifiées parce qu’elles ont un but. Israël piaffe d’impatience d’en découdre avec le Hezbollah et puisque Tel-Aviv ne peut faire la guerre en même temps aux Palestiniens, au Hezbollah et à la Syrie, son souhait est que Damas se retire. Une fois le Liban à découvert, Israël aura carte blanche pour l’envahir et y faire ce qu’elle veut. J’ai appelé cet officier sénégalais il y a deux jours pour lui rappeler notre conservation. Malheureusement, il était passé à autre chose. Son stage ne lui a servi à rien.
J’espère vraiment qu’un jour, les Africains auront conscience dez la force de l’union, de l’analyse et de l’anticipation. L’Histoire nous démontre que la coexistence
entre peuples a toujours été et sera toujours un rapport de
force. Le jour où vous aurez votre arme nucléaire comme la Chine et l’Inde, vous pourrez vous consacrer tranquillement à votre développement. Mais tant que vous aurez le genre de dirigeants que je rencontre souvent, vous ne comprendrez jamais que le respect s’arrache par l’intelligence et la force. Je ne suis pas optimiste. Car, si demain l’Union Africaine ou la CEDEAO décide de créer un Institut africain d’études stratégiques crédible et fiable, les personnes qui seront choisies se précipiteront en Occident pour apprendre notre manière de voir le monde et ses enjeux. Or, l’enjeu est autre, il s’agit de développer leur manière de voir le monde, une manière africaine tenant compte des intérêts de l’Afrique. Alors, les fonctionnaires qui seront là, à statut diplomatique, surpayés, inefficaces et incapables de réfléchir sans l’apport des experts occidentaux se contenteront de faire du copier-coller, ce sera un autre parmi les multiples gâchis du continent. Avant que vos ministères des Affaires étrangères ne fassent des analyses sur la marche du monde, ils feraient mieux d’en faire d’abord pour votre propre « intérêt » « .