Foncier, Insertion des Jeunes, Financements, Révision de la Loi Agro_sylvo_pastorale : Le Cncr Liste ses Maux à Saint_Louis

_ « En 1993, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR est né dans un
contexte difficile marqué d’une part, par les effets de sécheresses récurrentes sur les productions
agrosylvopastorales et halieutiques et d’autre part, par des politiques d’ajustement structurel peu
favorables au développement économique et social des paysans et paysannes. Le combat du
CNCR s’est essentiellement focalisé sur l’amélioration des conditions cadres favorables à
l’expression de tout le potentiel de développement des exploitations familiales qui assurent au
moins 80% des productions agrosylvopastorales et halieutiques du pays.
Les luttes paysannes portées par le CNCR ont été ponctuées de plusieurs succès structurants dans
différents domaines comme l’identité paysanne, la reconnaissance du rôle des organisations
paysannes dans la gouvernance du secteur agricole, l’institutionnalisation de la concertation, le
financement de l’agriculture, le foncier, etc. Toutefois, en dépit de ces avancées, beaucoup reste
encore à faire en matière de politiques agricoles favorables à l’essor de l’Agriculture familiale. Le
CNCR en est conscient et assure en conséquence, une veille stratégique sur les politiques agricoles
et œuvre sans cesse au renforcement de sa capacité d’influence.
C’est dans ce sens que dans le cadre de son partenariat avec le Projet d’Appui aux Réformes
politiques et aux Politiques agricoles (PSS), le CNCR a entrepris de travailler sur l’influence des
politiques ASPH pour que des réformes soient apportées notamment pour : (i) une meilleure
gouvernance du foncier ; (ii) une mise en œuvre d’une stratégie nationale d’insertion/installation
des jeunes ; (iii) une promulgation de décrets sur certaines dispositions de la LOASP et ; (iv) une
amélioration des conditions et mécanismes d’accès des Exploitations Familiales (EF) et de leurs
entreprises aux financements.

  1. CONTEXTE
     Le CNCR est une organisation paysanne citoyenne qui contribue à la souveraineté alimentaire
    L’atteinte de la souveraineté alimentaire au Sénégal exige la levée rapide des contraintes
    majeures qui freinent la productivité, la production durable des exploitations agricoles et l’insertion
    socioprofessionnelle des jeunes et des femmes dans les métiers de l’agriculture. La réalisation de
    ces objectifs majeurs portés aussi par le gouvernement du Sénégal, demande l’intervention
    d’organisations professionnelles agricoles capables de fournir durablement et efficacement,
    différents services à leurs membres que sont les exploitations familiales. Ces dernières qui
    constituent le socle de l’agriculture sont l’un des piliers essentiels de la souveraineté alimentaire et
    de l’industrialisation agro-alimentaire. C’est dans ce sens que le CNCR en tant qu’organisation
    citoyenne, se fait un sacerdoce d’apporter sa contribution dans l’atteinte de cette souveraineté
    alimentaire qui interpelle tous les acteurs.
     Le CNCR veut améliorer la situation du financement agricole et rural qui reste encore préoccupante
    En dépit des efforts de l’Etat, des partenaires au développement et des autres acteurs parties
    prenantes, le système de financement agricole et rural reste encore peu efficace et efficient. A
    cela, les paysannes et paysans lient plusieurs facteurs que sont : i) la question de la disponibilité
    des garanties et de la vulnérabilité des activités (risques de vol, épidémies et mortalité des
    animaux, risques climatiques, ravageurs et maladies des cultures, etc.) ; la question des garanties
    et de l’apport personnel (10 à 20%) ; iii) des services financiers conçus presqu’exclusivement pour
    le court terme (crédit de campagne) et avec des taux d’intérêt et échéanciers peu adaptés aux
    activités ; iv) le faible niveau du crédit d’investissement (presque absent ou inaccessible) de
    l’offre de services financiers destinés aux paysans et paysannes ; v) des fonds dédiés ayant une
    très faible visibilité, difficilement accessibles et de faible volume au regard des besoins des
    groupes cibles (femmes, jeunes notamment). Cette situation demande une remobilisation des
    différentes parties prenantes pour apporter des réponses idoines pour le financement de
    l’agriculture qui mobilise plus de la moitié de la population sénégalaise. C’est ce qui justifie la
    mobilisation du CNCR à se déployer pour enclencher un processus de réflexion et de proposition
    de mécanismes et outils appropriés pour faciliter l’accès aux financements dans le secteur agro-
    sylvo-pastoral et halieutique.
     Le CNCR veut mener une mobilisation collective autour du processus de révision et d’actualisation
    de la LOASP
    Dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi d’Orientation Agro-Sylvo-Pastorale (LOASP) depuis
    son adoption en 2004, des résultats importants ont été enregistrés, mais beaucoup de défis
    demeurent pour l’atteinte des objectifs visés. En perspective de l’évaluation prochaine et de la
    révision de la loi, le CNCR a jugé utile de lancer une réflexion pour identifier les pistes
    d’amélioration. Le CNCR oriente son action sur la fonctionnalité du dialogue entre les acteurs du
    secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique (ASPH) qui a été institutionnalisé par la LOASP mais qui
    n’a pas été effectif conformément aux dispositions de la loi.
     Le CNCR veut promouvoir un environnement qui incite les jeunes à entreprendre à travers la mise
    en œuvre d’une stratégie nationale d’insertion/installation des jeunes dans les secteurs agro-sylvo-
    pastoraux et halieutiques
    Toutes les initiatives publiques et non publiques combinées en matière de création d’emplois ont
    certes permis de créer des milliers d’emplois dans l’agriculture au bénéfice des jeunes, mais elles
    sont limitées au regard des besoins réels liés à une demande nationale en croissance continue. Pour
    y faire face, il est urgent de mieux harmoniser les objectifs, les différentes approches et de faciliter
    la collaboration entre acteurs autour de cette question.
    Depuis 2012, les organisations et cadres de jeunes agriculteurs à l’image du Collège des jeunes
    du CNCR demandent l’élaboration et la mise en œuvre d’une Stratégie Nationale
    d’Insertion/installation des Jeunes en Agriculture (SNIJA). C’est dans cette optique que le CNCR se
    mobilise avec l’appui de ses partenaires comme le DAI/USAID et IPAR à travers le projet PSS,
    pour mener un plaidoyer afin d’aboutir à l’adoption et la mise en œuvre de la Stratégie Nationale
    d’Insertion/installation des jeunes en Agriculture élaborée dans le cadre de l’Initiative pour la
    Relève et le Renouveau Agricole (IRRA).
     Le CNCR veut promouvoir et contribuer à l’animation d’un dialogue concerté et multi-acteurs sur
    la gouvernance foncière
    Depuis les années 90, plusieurs tentatives de réformes foncières ont été lancées sans succès au
    Sénégal. Les autorités ont estimé que les fondements des dernières propositions sont inadaptées à
    une économie libérale. La Commission Nationale de Réforme Foncière (CNRF), mise en place en
    2012 et dissoute en mai 2017 avant même la fin de sa mission est quand même parvenue à
    produire et remettre à M. le Président de la République, un Document de Politique Foncière.
    Aujourd’hui, malgré la suspension du processus de réforme, le constat général est que l’Etat met en
    œuvre ses projets à incidence foncière, notamment l’octroi de terrains immatriculés au profit des
    investisseurs privés. Plusieurs questions se posent aujourd’hui et méritent des réponses claires si on veut avancer et asseoir une bonne gouvernance foncière. Le CNCR a entrepris de se mobiliser pour
    produire des connaissances à partir d’analyses sur la problématique et la capitalisation des bonnes
    pratiques en vue de promouvoir un dialogue entre les acteurs concernés (Etat, collectivités
    territoriales, le secteur privé et les populations en particulier les producteurs et productrices
    agricoles).
  2. JUSTIFICATION
    L’ambition du CNCR, à travers cette action, est de renforcer/influencer les réformes et politiques
    agricoles et alimentaires pour rehausser les performances agricoles et le niveau de contribution du
    secteur primaire dans l’économie nationale. Pour ce faire, le CNCR s’appuie depuis deux ans, sur
    deux leviers essentiels à savoir : (i) le renforcement des capacités de plaidoyer du CNCR et de ses
    membres afin qu’il soit mieux armé à influencer les politiques publiques de manière concertée et
    (ii) le renforcement de la dynamique de concertation et de dialogue politique multi-acteurs avec
    un accent sur des réformes clés pouvant mobiliser le secteur privé et la société civile agricole autour
    d’un agenda de changement. C’est dans cette perspective qu’ont été ciblés les quatre thématiques
    que sont :
    1) La révision de 3 décrets d’application (Protection sociale, concertation et mise en œuvre de la
    LOASP) et proposition de contenus du décret d’application sur le statut juridique des
    entreprises agricoles et de l’EF
    2) La proposition d’outils et mécanismes de financement adaptés, animation du dialogue et
    plaidoyer pour un accès facile de tous les acteurs aux financements des activités agro-sylvo-
    pastorales et halieutiques
    3) L’élaboration d’une stratégie nationale d’insertion/installation/accompagnement des
    jeunes et un plaidoyer pour son adoption et sa mise en œuvre
    4) La proposition de réformes pour améliorer le dialogue multi-acteur et plaidoyer pour
    l’adoption de mesures autour de la gouvernance et de la sécurisation foncière.
    L’option retenue par le CNCR pour influencer les acteurs dans leurs prises de décision et leurs
    pratiques repose sur le triptyque production de connaissances – plaidoyer/communication –
    dialogue pour chaque thématique. La première dimension est déjà réalisée avec une production
    de connaissances portant sur les thématiques précitées (foncier, financement, LOASP et
    installation/insertion/accompagnement des jeunes) qui a fait l’objet de validation interne (CA
    Séminaire) et externe avec les autres parties prenantes notamment les autres OP, OSC, secteur
    privé et public.
    A l’issue de cette première étape, il est envisagé de procéder à la valorisation de ces connaissances
    produites pour nourrir le plaidoyer et l’influence politique afin que les changements escomptés
    puissent être obtenus. Pour ce faire, la démarche globale repose sur : (i) une mobilisation paysanne,
    qui fonde la légitimité du CNCR, pour porter le plaidoyer ; (ii) des actions de plaidoyer en
    direction des décideurs et des acteurs clés ; (iii) l’élargissement et le renforcement des alliances ;
    (iv) la mise en œuvre d’une campagne de communication et ; (v) la capitalisation du processus.
    C’est dans cet esprit que s’inscrit l’organisation de journées de mobilisation paysannes dans les
    différentes zones agro-écologiques du Sénégal pour partager les connaissances produites afin
    qu’elles soient appropriées par les leaders paysans et paysannes pour un bon portage du plaidoyer ».

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