_ « La dissolution de l’Assemblée nationale, intervenue par le décret n°2024-1980 du 12 septembre 2024, résulte d’un imbroglio politico-institutionnel marqué par le rejet d’un projet de loi constitutionnelle et par la volonté manifeste des députés de la majorité de renverser le Premier Ministre, une fois qu’il présenterait sa déclaration de politique générale le 11 septembre. Conformément à ses prérogatives, le Président de la République fixa la déclaration de politique générale au 13 septembre 2024. Mais à travers un message à la Nation, le Président de la République dissout le 12 septembre 2024.Au lendemain de la dissolution de l’Assemblée Nationale et de la fixation de la date des élections législatives, une soixantaine de partis et mouvements politiques de l’opposition ont mis sur pied l’Alliance pour la Transparence des Elections (ATEL). Par une déclaration en date du 13 septembre, cette plateforme a mis en garde le pouvoir en place contre toute démarche solitaire concernant le cadre électoral, qui risquerait de compromettre sérieusement la stabilité politique du Sénégal. A cet effet, ATEL invita le Président de la République à faire convoquer sans délai, en rapport avec la Direction Générale des Élections et toutes les parties prenantes, le processus habituel de discussions afin d’aborder, en particulier, les défis découlant de l’anticipation des élections législatives. Parmi ces défis, ATEL cite l’impossibilité de bénéficier du délai de 150 jours prévu dans le code électoral pour la collecte et de 85 jours pour le dépôt des parrainages (articles L57, L175 et L176). En plus, depuis le 25 février 2024, plus de quatre cent mille (400 000) jeunes ont atteint l’âge de la majorité et doivent être inscrits sur les listes électorales. Il en va de même de la répartition des sièges entre les départements dans le scrutin majoritaire selon le critère objectif du nombre d’habitants et le nombre de sièges à pourvoir via le scrutin proportionnel, à l’échelle nationale, au regard du recensement de la population en 2023.Dans la foulée de la dissolution de l’Assemblée Nationale, le Président de la République a convoqué par décret n° 2024-1981 du 13 septembre 2024. Ledit décret apporte des réponses aux préoccupations soulevées par l’Alliance pour la Transparence des Elections, qui compte actuellement 110 partis et formations politiques de l’opposition. Ainsi, conformément à la décision du Conseil constitutionnel n°2/C/2024 du 10 juillet 2024, les dispositions relatives au parrainage ne peuvent être appliquées aux élections législatives anticipées. Le montant de la dernière caution, qui était de quinze millions (15.000.000) de francs CFA, est maintenu. L’organisation de ces élections législatives anticipées est faite sur la base du fichier général des électeurs ayant servi lors de la dernière élection. Pour les élections législatives anticipées du 17 Novembre 2024, la répartition des sièges au scrutin majoritaire départemental, appliquée lors des dernières élections législatives, du 31 juillet 2022, est reconduite.En Conseil des Ministres du 18 septembre 2024, le Président de la République avait instruit le Ministre de l’Intérieur de se concerter avec les parties prenantes du processus électoral. Cette rencontre a eu lieu le 21 septembre en présence de la CENA, du CNRA, de 123 formations politiques et de quelques organisations de la société civile dont le COSCE. Certains partis politiques ont quitté la séance après avoir exigé que le décret portant convocation du collège électoral soit rapporté. Le Ministre de l’Intérieur, interviewé par la presse à la sortie de cette rencontre, a estimé que l’opposition n’était pas prête depuis la débâcle subie lors de la présidentielle du 24 mars 2024. Cette sortie de l’opposition a été jugée partisane par l’opposition. La société civile a également regretté cette sortie du Ministre de l’Intérieur, le Général Jean Baptiste TINE. Cependant la réunion du 21 septembre a permis d’obtenir un consensus sur l’allègement des procédures pour la constitution et le dépôt des candidatures ».