Par le Dr Demba Anta Dione Expert Indépendant
Pour se faire comprendre, nous ne pouvons pas ne pas nous attarder un peu sur ce que nous entendons par une approche santé publique. En effet, cette dernière veut que tout problème de santé soit défini par des indicateurs de mesures en terme de Morbidité (nombre de cas) de mortalité (nombre de décès) ou d’invalidités. C’est une fois défini comme épidémie en fonction de son ampleur et de sa gravité que le problème de santé doit être analysé à travers ses déterminants que sont ses causes et/ou ses facteurs favorisants.
On pourrait alors se demander qu’est ce qui est lié à notre environnement qui peut faire apparaître ou exploser ce phénomène ? Quelles sont nos habitudes et coutumes ? De quels moyens disposons nous ? Comment est structuré et fonctionne notre système de santé ? Est ce qu’il pourra faire face ?
Analysons ce phénomène avec beaucoup d’humilité et ne cédons pas à la panique !
In fine, après cette compréhension du problème qui est aujourd’hui le Covid-19, nous pourrons parler des stratégies et interventions nécessaires pour l’endiguer. Ces interventions pouvant être de plusieurs ordres dans le cadre d’une approche inclusive et participative et pas seulement un apanage d’Experts, de Chercheurs ou de Médecins !
Alors prenons les chiffres et analysons les ! Quand une maladie touche 80% de la population pour en tuer 0,1% parmi les plus de 75 ans qui représentent moins de 10% de cette population, combien en a telle tué ???
Alors qui doit-on protéger ? Qui est vulnérable ? C’est cette précieuse population âgée qui nous a tous mis au monde et éduqués qu’on doit sauver ! Mais jamais nous confiner dans certaines conditions qui ressemblent à : « aller tous vous enfermer avec eux et contaminez les ! »
Le confinement va venir augmenter la population vulnérable en y rajoutant des personnes qui avait déjà une maladie soit connue ou ignorée la plupart du temps quand on vit en Afrique.
Le confinement va faire des malnutris avec comme corolaire, une baise de leur système immunitaire ; il fera plus de diabétiques déséquilibrés car les populations vont peut être manger très mal, insuffisamment ou trop et bonjour l’obésité ; le confinement va augmenter le stress de tous ces gens qui n’en ont pas d’habitude, alors bonjour les hypertensions de stress ou de sédentarité !
Additionnez juste 1% de chacun de ces phénomènes et vous conviendrez avec moi que vous avez largement dépassé le seul cas communautaire, mal défini et très mal communiqué dans la représentation sociale des sénégalais, que vous voulez traquer !
Regardez bien l’évolution des statistiques en Europe dans les pays les plus touchés, le Covid-19 tue à travers ces comorbidités.
Quand on a un peuple de croyants à 99% le message le plus perçu demande un canal adapté ! Un de nos maitres feu le professeur I. WONE (paix à son âme) nous disait, pour faire passer le message de lavage des mains lors d’une épidémie de cholera, il avait demandé aux communautés du Fouta de se laver les mains à la manière du prophète ! Alors le résultat ne pouvait être que positif !
Quand on se glorifie du nombre de cas bien traités dans nos maigres hôpitaux pour parler de l’exception sénégalaise alors que nous n’avons même pas testé 0,0001% de la population, cela veut bien dire que nous n’avons vraiment pas bien géré la prévention en amont !
Comment peut on être une exception Sénégalaise avec 377 dont 5 décès (1,3%) ? Au même moment, la Guinée a 662 cas dont 5 décès (0,8%) ; le Rwanda 147 cas et 0 décès ; Madagascar, 140 et 0 décès, Djibouti 846 cas et 2 décès (0,2%) et j’en passe.
Revenons sur terre, l’Europe n’est pas l’Afrique et le Sénégal n’est pas la France, nous avons ni le même système de santé ni les mêmes moyens pour avoir la même approche !
Notre population n’est pas la même et nous n’avons pas le même écosystème !
Quand l’Island a décidé de tester massivement sa population, plus de 10% ce sont soumis à ce test et les autorités ont multiplié les tests aléatoires qui leur ont permis de constater que 50% des gens déclarés positifs sont asymptomatiques ; pendant que la France qui confine toute une population durant plus de 6 semaines ne serait qu’à 5,7% de couverture en test d’ici le 11 Mai ! Et pendant ce temps regardez l’hécatombe chez eux !
Et pourtant la France n’a pas de stratégies figées, elle se réadapte en fonction de la dynamique de l’épidémie dont la compréhension est favorisée par l’analyse des données. Au moment où elle allège son confinement, on demande de corser les mesures chez nous. Une prise de décision en situation d’épidémie doit toujours être orientée par les données sanitaires fiables et une compréhension des déterminants de la maladie.
Il est temps de se réadapter et aller vers une communication positive qui malheureusement est infestée par des scandales de denrées alimentaires dont on n’avait pas besoins si les gens continuaient à gagner quotidiennement leur pain.
Les gens croient à la présence de la maladie chez eux, mais malheureusement c’est cette communication, information par le bon exemple qui fait défaut. De la manière avec laquelle ont vend l’image d’un colonel de l’armée dans la lutte, l’expertise de ces vaillants professeurs de maladies infectieuses, réanimateurs et urgentistes, on devait vraiment cacher la face de certains hommes politique car l’heure n’est pas à cela. Ceux qui gèrent la paix sont très différents de ceux qui vont à la guerre !
Laissons les gens travailler en appliquant les mesures barrières recommandées, et protégeons les personnes vulnérables.
Ce combat contre l’ennemie invisible demande tact délicatesse et humilité, nul ne peux être un héros dans cette guerre ! in fine ce sont les valeureux peuples disciplinés qui gagnent.