Au Sénégal, ces dernières années, les violences faites aux femmes et aux enfants ont pris des dimensions inquiétantes. Elles se retrouvent sous toutes les formes : violences domestiques, violences conjugales physiques et psychologiques, violences sexuelles, viol, mariage précoce et forcé, exploitation sexuelle, féminicides, crimes dits «d’honneur», mutilations génitales, abus et exploitation des enfants.
Le Plan d’action national de lutte contre les violences basées sur le genre et la promotion des droits humains au Sénégal, adopté en 2015, rend compte d’un grand fléau qui gangrène la vie quotidienne des femmes, avec une insuffisance du cadre de prévention et de prise en charge de ces violences. Ces dernières constituent une atteinte grave aux droits fondamentaux des enfants, des filles et des femmes, avec des conséquences néfastes sur leur bien-être physique, mental et économique. Ce qui justifie l’urgence pour des actions durables, synergiques et de grande envergure. D’où la naissance du collectif la Marche Blanche Des Femmes (Collectif MBDF).
La MBDF est constituée d’entités diverses qui se sont spontanément réunies dans un élan de cœur pour œuvrer pour la paix et pour se dresser contre les violences faites aux femmes, aux filles et aux enfants. Le collectif est apolitique et laïc. Il compte à ce jour plus de 700 membres composés de citoyens du Sénégal et de la diaspora, de regroupements et d’associations professionnels, de la société civile nationale et internationale et de structures du secteur public et privé. Son ambition principale est de fédérer tous les acteurs et actrices de la lutte contre les violences faites aux femmes, aux filles et aux enfants. La MBDF se veut un levier de plaidoyer pour la mise en œuvre d’actions en vue de l’éradication de toute forme de violence faite aux femmes.
La manifestation organisée le 19 décembre 2021 est la première action phare pour le lancement des activités du « Collectif MBDF ». Elle se tient simultanément dans les 14 régions du pays.
C’est ainsi que nous, Collectif MBDF demandons à SE Macky SALL, Président de la République du Sénégal :
la reformulation de façon plus égalitaire des dispositions discriminatoires du Code de la Famille à l’égard des femmes, notamment en ses articles 152 et 153 (sur le choix du domicile conjugal), les articles 196 al 1 (interdisant la recherche de paternité) et 277 al 2 (donnant un second rôle à la femme dans l’exercice de la puissance paternelle) ainsi que la révision de l’article 166 pour mettre plus d’emphase dans les violences comme cause de divorce ;
une réforme du Code Pénal renforçant la lutte contre les violences faites aux femmes, en étendant l’article 319 bis, qui réprime le harcèlement sexuel, au-delà de la sphère professionnelle ; une généralisation de la peine maximale quand l’infraction est faite sur un mineur de 17ans ; autonomiser dans l’article 320 le viol conjugal et le viol incestueux et l’aggraver en cas de minorité de la victime ; consacrer une infraction spécifique de meurtre contre une conjointe au même titre que le parricide ;
un programme national multisectoriel en vue de l’adoption de bonnes pratiques de prévention et de prise en charge des femmes, des filles et des enfants victimes de violences ;
le renforcement du cadre de mise en place de mutuelles pour la protection de la femme ;
la mise en place de structures spécialisées de prise en charge pour accueillir les victime ;
un cadre pour faciliter l’accès à la justice des victimes en assurant au besoin leur anonymat et leur accès à l’aide judiciaire ;
la mise en place d’un numéro vert national pour signaler les urgences en cas de violence.