_ « Les violences contre les femmes ne sont pas des questions mineures, tout juste bonnes à être traitées sous forme de brèves ou de faits divers. Il ne s’agit pas d’« incidents » isolés, d’affaires familiales privées, mais bien de très graves problèmes de société. Le viol et la pédophilie sont des violences sexuelles très graves qui détruisent la vie des victimes particulièrement des femmes et des jeunes filles concernes.C’est pourquoi, à la suite de plusieurs mobilisations d’organismes de défense des droits des femmes et des enfants dénonçant des cas de violences suivies de meurtre, la loi n° 2020 – 05 criminalisant le viol et la pédophilie a été promulguée. En plus des innovations apportées par la loi du 29 janvier 1999 modifiant quelques dispositions du code pénal et définissant le viol, la loi n° 2020 – 05 constitue une avancée majeure dans la protection et promotion des droits des femmes et des filles (des enfants). Le Sénégal dispose ainsi d’un cadre juridique de répression des violences sur toutes leurs formes, dont leur effectivité peut concourir à leur prévention et éradication.Cependant, une certaine franche de la population sénégalaise ignore encore l’existence de cette loi et continue de faire des violences sexuelles une affaire privée. Les professionnels des médias peuvent contribuer à briser le silence et à sortir cette question de la sphère privée, où elle est encore trop souvent reléguée. Comme le soulignent la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, adoptée lors de la quatrième conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, en septembre 1995 : « Les médias ont la possibilité de jouer un grand rôle dans la promotion de la femme et la lutte pour l’égalité entre les sexes, en donnant des hommes et des femmes une image non stéréotypée, diversifiée et équilibrée ». En plaçant la lutte contre la violence à l’égard des femmes au cœur de leurs activités, les médias peuvent favoriser un changement dans la perception qu’en a l’opinion publique et dans les comportements. Un traitement médiatique adéquat des violences sexistes doit permettre à l’opinion publique de prendre la pleine mesure du phénomène et de mieux le comprendre. Bien le nommer, en expliquer le contexte, rappeler quelques chiffres emblématiques et les textes de loi, en parler suffisamment et fournir des renseignements utiles aux femmes victimes de violences (numéros d’appel et coordonnées d’associations et services d’aide…) peut contribuer à la prévention, à la prise en charge et à la lutte contre les violences à l’égard des femmes. Afin d’apporter des solutions à cette problématique, l’AJS met en œuvre un projet intitulé : « Contribuer à l’éradication des violences sexuelles par la sensibilisation, la vulgarisation et l’application effective de la loi criminalisant le viol et la pédophilie en zone urbaine et périurbaine », avec l’ appui financier de l’Union Européenne. Le projet intervient dans six (6) régions du Sénégal : Dakar, Thiès, Kaolack, Diourbel, Saint-Louis et Tambacounda ».