Par Dr Aida Mbodji, Députée
» Nous vivons des temps troubles. Les avis de décès de personnes connues ou anonymes s’égrenent quotidiennement, implacablement. Selon la sensibilité de chacun, selon la proximité avec le disparu, il arrive que ce macabre décompte marque un point d’exclamation. La disparition de Mme Sow Amina Mbaye en est un, tant elle aura estampillé sa ville, St Louis, et les générations de filles qui s’y sont succédées.
La vieille cité vient de perdre sa fille. La vielle cité pleure son joyau. La vieille Cité pleure une de ses institutions sociales, de celles qui sont des exemples de destinées pour toute la population, et avec elle, les multiples facettes qu’elle incarnait:
- Une intellectuelle de haut niveau sur tous les plans: Directrice d’école, écrivaine, romancière, poétesse, conteuse et critique ; Présidente du Diwaan de la Fraternite Musulmane de Pire
- une Citoyenne modèle de premier ordre: 1ère Présidente de l’Association Nationale des récipiendaires de lOrdre du Lion (ANOL), 1ère présidente de la FAFS Fédération des Associations Feminines du Sénégal….
- Une sportive accomplie : Ancienne championne d’Afrique de 400m plat, 1ere femme africaine arbitre de Basketball, Cheftaine scout,
J’ai connu Amina il ya 40 ans, au sein de l’Association « Réveil de la Femme » qui avait pour objectif de sensibiliser les femmes aux enjeux sociétaux de l’époque et qui était alors dirigée par Dior SOW FALL. Amina en était une des membres fondatrices et présidait la commission Culture dont j’étais membre. Elle a ainsi guidé mes premiers pas dans le mouvement féminin social. Elle était pour moi une aînée qui remplissait également fort bien un rôle quasi-maternel, sous l’œil bienveillant de ma cousine Adja Fatou Niang Siga, avec qui elle partageait les passions pour les arts et la formation des jeunes. Nous sommes restés proches, elle me conseillait sur mes actions sociales ou sur mes activités et orientations politiques, proximité renforcée après par notre appartenance commune à la CALAF.
Nous vivons des temps troubles, c’est un fait, mais en certains jours, le brouillard des larmes devient plus dense. Pourtant, face à certaines disparitions, les larmes ne sont peut être pas la réponse la plus appropriée. Parce que quand une vie a été vécue vraiment honnêtement, vraiment avec succès, vraiment avec équilibre ou tout simplement vraiment, la meilleure ponctuation finale à un tel destin est un hommage. Et un grand Merci.
Adieu Grande Dame !!! «