« La menace à la démocratie devient chronique au Sénégal avec le régime personnalisé et népotique de Macky qui, arrivé au pouvoir en 2012 sous l’apparence d’une colombe, s’est très vite mué en tyran cruel au pouvoir absolu et aux mains tâchées de sang. Une crise de la démocratie s’est installée, entretenue par l’autorité politique qui ruse et abuse.
Il n’a pas hésité à ruser avec des leaders politiques en dehors de son camp pour les mettre dans son sac et les sacrifier politiquement. Pour les uns, il a utilisé le bâton et la carotte. C’est ainsi que la plupart des responsables politiques qui n’appartenaient pas à son parti ou à la coalition Benoo Tass Yakaar mais qui avaient un contentieux financier qui pouvait leur faire valoir la prison, se sont ralliés à lui. Ce faisant, ils ont bénéficié d’une immunité (dossiers mis sous le coude de Macky) et la garantie de sinécures. Pour les autres, il a joué sur leurs ambitions personnelles pour faire pire que Machiavel dans la duperie. Ayant appris des leçons Wade-Idy en 2007, il a doublé les enchères dans le deal de 2019 avec Idy en lui promettant un ‘leg’ du pouvoir afin que les libéraux puissent continuer à conserver la direction du pays. Les premiers actes qu’il a posés à l’arrivée d’Idy avec la mise à l’écart de ténors de l’APR aux ambitions présidentielles comme Amadou Ba (actuel PM), Mimi Toure (remplacée par Idy au CESE), Aly Ngouille Ndiaye et Mouhamadou Makhtar Cissé, étaient pour rassurer son nouvel allié mais les avertis savaient qu’il entrainait son redoutable adversaire de l’époque au suicide. Pour donner complètement corps à son vœu de ‘réduire l’opposition à sa plus simple expression’ il lui restait une dernière cartouche : se débarrasser de l’encombrant Ousmane Sonko. C’est ainsi que l’opération ‘Adji Sarr’ dont l’objectif était de mettre K.O. le leader de Pastef a été déclenchée. Malheureusement pour le pouvoir, cette intrigue de palais menée dans un amateurisme jamais égalé, a connu un flop, même si l’affaire est pendante devant le tribunal.
Sa ruse avec son peuple se traduit par des atermoiements bien calculés pour faire baisser la vigilance et préparer les esprits à sa décision ultime comme pour le cas des mandats. Lors de son 1er mandat présidentiel de sept ans, les atermoiements ont porté sur la durée du mandat pour finalement voir Macky renier sa promesse électorale de ramener le mandat de sept à cinq ans. Il a fait un premier mandat de sept ans. Quant aux tergiversations de son 2ème et dernier mandat de cinq ans en cours, elles sont liées à la question d’une troisième candidature aux élections présidentielles de 2024 avec sa réponse en clair-obscur de « ni oui, ni non ». Tout comme pour le premier mandat, il finira par déclarer officiellement et sous peu sa candidature en dépit des éruptions que cette turpitude déclenchera. Pour Macky, aucun obstacle sur le chemin de la troisième candidature ne sera toléré. Pour ce cas précis, même un Khalife général sera traité comme un simple ‘citoyen ordinaire’ s’il cherche de l’en dissuader. C’est que Macky est un violent qui fait toujours prévaloir la force, jamais la sagesse.
Son recours à la violence est permanent. Il y a tout d’abord la violence faite à la loi fondamentale sous les auspices d’un « tailleur » constitutionnel avec ses interprétations ‘magiques’ de la constitution pour légaliser le recours à la violence politique de son mentor (cas Mimi par exemple). Le ministre/tailleur Madior Fall devrait cesser d’être ce juriste « habile à mal proposer les problèmes pour mieux légitimer les odieuses solutions qu’on leur apporte » (Césaire, Discours sur le colonialisme, p.2). Il est beaucoup attendu sur la question du troisième mandat et, « ngalla wàay », qu’il fasse le choix de la dignité à la place de la servilité. Qu’il prenne garde de ne pas porter la responsabilité de conduire le Sénégal vers des lendemains incertains et de ne pas rater son rendez-vous avec l’histoire.
La violence est aussi exercée sur les citoyens sénégalais privés de leurs droits les plus élémentaires à la santé, à une éducation de qualité, au travail, à la sécurité, et au bien-être. Les populations vivent dans la précarité et la peur. Les jeunes préfèrent perdre leur vie en tentant l’aventure de l’étranger que de continuer à vivre dans un pays où ils restent des ‘oisifs errants’. Méprisées par les gouvernants et brimées par des forces de l’ordre qui, souvent, pérennisent les pratiques archaïques des forces de sécurité coloniales connues pour leur brutalité et leur soumission aveugle à l’autorité impériale, les populations sont désormais déterminées à démontrer leur centralité par rapport à la marche du pays. Il n’est plus question de laisser une minorité les prendre en otage. En fait, elles sont de plus en plus conscientes que le pouvoir travaille à les maintenir dans la pauvreté pour pouvoir les utiliser comme bétail électoral en jouant sur une forme de corruption déguisée qu’est le social. C’est ainsi que tout comme la veille des élections présidentielles de 2019, Macky avait déclaré l’année 2018 ‘année sociale’, de même, il a déclaré année sociale l’année 2023, veille des élections présidentielles de 2024. Qui est dupe ? Cette pratique n’est rien d’autre qu’une forme de violence à nos valeurs.
La perte de valeurs citoyennes est le constat le mieux partagé dans le Sénégal de Macky. Elle se traduit par l’incivilité, l’incivisme, le manque d’intégrité, le déficit de patriotisme des gouvernants, le non-respect des biens publics ainsi que le manque de solidarité. Son explication est à trouver dans la violence aux valeurs morales et civiques inhérentes à une pédagogie négative venant de l’élite dirigeante (détournement des fonds publics et corruption endémique, accaparement des ressources naturelles, minières et gazières et du foncier, mensonges d’état, reniements, promotion de la médiocrité, arrogance et ostentation).
Il y a enfin la violence sur les leaders politiques de l’opposition comme démontrée par la floraison de prisonniers et otages politiques depuis 2012. Cette violence se fait souvent en connivence avec une justice aux ordres. Ainsi, Karim Wade du PDS et Khalifa Sall de Taxawu Senegal, alors maire de Dakar, ont été condamnés et écartés des joutes électorales de 2019. Au sortir de ces élections, se rendant compte de la montée en puissance de Sonko de Pastef et fort de ses expériences avec Khalifa et Karim, Macky a voulu faire subir le même sort à Sonko. Mais c’est là ou Macky l’a tout faut. La ruse n’est pas l’intelligence. Alors que la ruse s’ancre dans la peur et la négativité, l’intelligence est créatrice et positive. Élaborer des filets de sécurité par des combines pour nuire à un adversaire politique, c’est la ruse. L’intelligence serait d’élaborer des stratégies pour affronter loyalement un adversaire. Or, Macky ne veut pas de combat à la loyale, d’où un coefficient intellectuel sujet à caution. D’ailleurs, il n’a plus de combat à mener car il doit quitter la scène.
C’est ne pas avoir l’intelligence de la situation du moment que d’organiser la théâtralisation de sa récente sortie qui infantilise le discours du pouvoir. La ‘magie du clic’ a vite fait de dévoiler aux sénégalais auxquels cette opération de charme était destinée, une scénographie puérile mais surtout révélatrice de l’isolement du Chef. À ce titre, Macky n’égale pas Sonko.
Les actions vagabondes que voilà ont fini de placer le pays dans une situation moribonde. Que Macky cesse de nourrir l’obsession d’un troisième mandat et désigne un ministère de l’intérieur neutre pour la supervision des élections de 2024. Qu’il lève son coude des dossiers en conflit avec la bonne gouvernance et emploie judicieusement ses forces de sécurité dans des taches de sécurisation des personnes et de leurs biens et non dans des actions de répression pour ‘casser’ de l’opposant.
S’il veut la paix, la paix sera ».
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« Don’t bring our country to ruin. We need peace and prosperity »