Non, » le sacrifice » des valeureuses femmes de Nder du 7 Mars 1820 ne passera pas par perte et profits. Les fils du terroir entendent en faire un acte fondateur en vue d’insuffler un nouvel élan, une dynamique positive dans cette contrée nichée au fin fond du Walo. Une localité éloignée et enclavée certes. Mais, pourtant, à quelques encablures, seulement, de l’abondance et de la prospérité. Dans la mesure où cette partie de la commune rurale de Gnith est » choyée » par la nature. Avec des sources d’eau intarissables à l’instar du Lac De Guiers, des milliers d’hectares de terre cultivable qui s’étendent à perte de vue, du soleil qui darde ses rayons toute l’année durant et sans oublier la bravoure des bras valides qui représentent une main_d’œuvre à portée de main. Qu’est ce qui reste ? Juste un petit signe du destin et une volonté sans faille des décideurs pour doter la commune de Gnith, dans son entièreté, de bonnes pistes de production, de routes goudronnées, d’infrastructures sanitaires aptes à contenir l’accroissement démographique de la localité, d’eau potable pour tous, d’électricité partout, de dotations conséquentes en intrants et matériels agricoles, d’appuis en activités génératrices de revenus pour les femmes entre autres. Autrement dit, il est question, ici, de tout mettre en œuvre pour faire bégayer l’histoire. L’assertion : » les morts ne sont pas morts » de l’écrivain et historien de son époque Birago Diop trouve, aujourd’hui, toute sa pertinence.
» Berceau de vénérés hommes, château d’eau du Cayor et de Ndakaaru » ainsi que l’ a rappelé la coordonnatrice du comité de pilotage, à l’occasion de la cérémonie commémorant les deux cents ans de l’acte de bravoure posé, ce mardi là, par Ndieumbeut Mbodji, Seybané et leurs camarades, Nder enferme, dans ses entrailles, les vestiges de dignes femmes, héroïnes d’un jour, héroïnes de tous les temps.
Deux cents ans, un âge jeune pour les historiens, plusieurs générations pour de simples mortels, voilà que l’année 2020, consacrant le bicentenaire du fameux » Talaatay Nder « , donne l’occasion à une génération réfléchie, ambitieuse et mue par un réel développement de son terroir, de célébrer un acte de haut fait historique dont la seule invocation impose respect et reconnaissance.
La structure mise en place pour donner corps à cette ambition collective a décidé de se consacrer à un retour de la dignité, de l’équité et de reconnaissance de Nder comme lieu de mémoire et berceau du leadership féminin.
Conscients qu’on n’apprend pas à un walo-walo le rôle et la place de la femme dans le développement socio-économique, les plénipotentiaires de cette entité veulent, désormais, être au devant de la scène pour défendre les intérêts du village de Nder. Puisque les sénégalais d’ici et d’ailleurs se sont appropriés le » Talaatay Nder » , rien ne devrait plus être comme avant. Pour ces enfants du terroir » Talaatay Nder devient une marque, un label et un rendez-vous incontournable couru par les Sénégalais : intellectuels, professionnels, élèves, étudiants et collectivités territoriales » .
Dans cette dynamique, pensent les membres de ce comité, » la reconnaissance de Nder comme patrimoine national a besoin d’être, formellement, matérialisée par l’édification d’un musée dédié aux vaillantes femmes de Nder pour la sauvegarde et la promotion de l’histoire de Talaatay Nder » à glané le site de référence www.miroironeline.com. Chemin faisant, l’idée de collecter deux mille vingt signatures a pris forme. Par cette entremise, les populations de cette partie du département de Dagana promettent de porter le plaidoyer auprès du chef de l’Etat dans l’optique que la journée du 7 Mars soit consacrée » journée nationale de la femme » pour perpétuer le legs des femmes de Nder.