Rapports de Bon Voisinage : Une Politique de Gestion des Frontières en Gestation au Sénégal

_ Vers une politique de gestion des frontières au Sénégal. Pour préserver les rapports de bon voisinage avec les pays limitrophes, le Sénégal travaille à l’élaboration d’un plan de gestion pour être conforme aux recommandations de l’ Union Africaine, arrimées à la convention de Niamey. A Saint_Louis, par exemple, une telle démarche devrait permettre d’amoindrir les tensions entre pêcheurs de Guet_Ndar et garde_côtes mauritaniens. De même, avec l’exploitation du gaz et du pétrole sur le Grand Bleu, entre le Sénégal et la Mauritanie, une telle trouvaille est une aubaine pour les autorités des deux pays pour anticiper sur d’éventuels conflits et autres litiges liés à cette manne céleste. Et puisque la coopération entre les deux peuples polarisent d’autres secteurs d’activités comme l’agriculture, l’élevage, le commerce entre autres, la schématisation des lignes frontalières reste une soupape de sécurité pour garantir la compréhension mutuelle et la cohabitation pacifique entre les peuples frères. Autrement dit, chacun va savoir jusqu’où il ne doit pas aller trop loin ! A cet effet, une commission, qui a fait escale à Saint_Louis, est mise sur pied pour traiter de cette question.

Allocution du Vice-amiral Oumar WADE, Chef de l’Etat-major particulier du Président de la République et Président de la CNGF
Saint_Louis le 09 Octobre 2024

_ « Je voudrais tout d’abord, au nom du vice-amiral, Chef d’état-major particulier du Président de la République et Président de la Commission nationale de Gestion des Frontières, exprimer tout le plaisir que j’éprouve en me retrouvant parmi vous aujourd’hui pour le dernier atelier diagnostic régional relatif à l’élaboration de la liste Politique nationale de Gouvernance des Frontières. Permettez-moi, à l’entame de mon propos, de saluer la forte mobilisation des autorités administratives respectives, des élus locaux, des forces de défense et de sécurité, des acteurs territoriaux mais également des organisations non gouvernementales, de la société civile et des organisations professionnelles. Cette forte mobilisation témoigne encore une fois de l’intérêt tout particulier que vous accordez à la thématique abordée, intérêt justifié au regard de la position frontalière de la région de Saint-Louis, position géographique à l’origine de défis, d’enjeux et d’attente multiples. Monsieur le Gouverneur, Mesdames, Messieurs, Le Sénégal partage 2700 km de frontières terrestres avec les pays voisins dont 813 km avec la Mauritanie, linéaire couvrant en partie votre région et faisant de la problématique frontalière un enjeu important autour des questions de paix, de diplomatie et de développement. En particulier pour la région de Saint-Louis, la nature des limites, l’immensité du potentiel hydro-agricole ainsi que les ressources en hydrocarbures que renferme cet espace posent les défis de sa gouvernance, eu égard aux opportunités considérables qu’il offre aux communautés riveraines et aux Etats qui l’ont en partage. Ces richesses font de nos marges Nord une zone d’échanges avec la Mauritanie, pays avec lequel elle partage également plusieurs problématiques communes de développement transfrontalier. A la base, le commerce transfrontalier met en relation les cent vingt-quatre (124) localités frontalières dans le cadre d’échanges portant sur divers produits, témoignant ainsi d’importantes dynamiques d’intégration à travers les communautés riveraines. A ces échanges domestiques vient s’ajouter un usage transfrontalier de l’espace marqué par l’exploitation de ressources foncières et pastorales souvent source de conflits entre communautés frontalières. Cette situation a conduit à faire émerger des axes de coopération transfrontalière impliquant des services techniques, des collectivités territoriales et des populations voisines. Parmi ces actions, on peut citer :-l’Accord inter gouvernemental entre le Sénégal et la Mauritanie portant sur l’exploitation conjointe du champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et au concept de développement et de partage de la ressource 50-50 dès le début de la production ; -les concertations permanentes et régulières entre les administrations sur la gestion de la transhumance ;-la mise en place avec l’appui de la Banque mondiale du Projet de Résilience et de Développement communautaire de la Vallée du Fleuve Sénégal qui vise à soutenir l’intégration économique et sociale régionale. Mesdames, messieurs, Il me plaît de rappeler que malgré les opportunités offertes et les initiatives mises en œuvre, les localités frontalières de la Région souffrent encore d’enclavement et d’un déficit en infrastructures sociales de base. Il s’y ajoute la faible mise en valeur du potentiel agricole malgré la présence permanente de l’eau et la pauvreté des ménages impactant négativement la résilience des populations et accentuant leur vulnérabilité. C’est pourquoi, fort de ce constat, la Commission nationale de Gestion des Frontières, conformément au décret fixant ses règles d’organisation et de fonctionnement, a engagé le processus d’élaboration de la Politique nationale de Gouvernance des Frontières (PNGF) qui doit traduire l’importance de premier niveau, accordée par les pouvoirs publics, à la sécurisation des espaces frontaliers et à l’amélioration notable des conditions de vie des populations qui y résident. En plus de renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, la PNGF constitue un instrument de souveraineté dont la mise en œuvre va durablement conforter l’assise étatique dans ces espaces frontaliers. S’inscrivant dans la Stratégie de l’Union africaine sur la Gouvernance des Frontières et des orientations politiques nationales, elle vise à renforcer l’offre de services publics, la valorisation des opportunités économiques et la mise en place d’une sécurité durable. Sa réalisation nécessite dès lors un diagnostic des espaces frontaliers en faisant la situation exhaustive dans les domaines de la délimitation/démarcation, la sécurité, la coopération transfrontalière, le développement socioéconomique, la santé, la migration, l’usage des ressources naturelles transfrontalières et la gouvernance des zones frontalières. La rencontre qui nous réunit aujourd’hui s’inscrit dans cette dynamique et marque la clôture des ateliers diagnostics qui ont été participatifs et inclusifs. Par une approche intégrée et multisectorielle, cet atelier va sans doute ressortir toute la problématique relative à la gouvernance des frontières en vue de prendre en compte tous les enjeux et défis pour une gestion efficace et durable des frontières.Je suis convaincu qu’au sortir de cet atelier, avec vos contributions ainsi qu’avec les dynamiques constatées dans la Région, nous aurons un rapport diagnostic exhaustif sur la situation de la frontière avec la République islamique de Mauritanie. Je voudrais avant de terminer mes propos adresser mes vifs remerciements au Gouverneur de la région de Saint-Louis pour sa souplesse, sa disponibilité et sa contribution dans l’organisation de cet atelier ».