Aïda Diallo veut exercer une parcelle de pouvoir dans le Mouridisme. De ce point de vue, elle est un cas intéressant dans l’analyse des tentatives de réformes enclenchées de temps à autre par le femmes au Sénégal. Mais à bien des égards, son cas est unique et laisse perplexes beaucoup d’observateurs. Elle mène un combat qui ne prend pas en compte les réalités historiques et sociologiques. Au-delà des arguments religieux et familiaux qui lui sont opposables, elle ne comprend pas que dans le Cayor et le Baol, lieux de naissance du Mouridisme, les attributs du pouvoir sont détenus par le frère, le fils, l’oncle ou le mari. La tradition matriarcale n’inclut pas l’exercice direct du pouvoir par les femmes. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Lat-Dior Ngoné Latyr a été préféré à sa mère Ngoné Latyr, héritière légitime du trône du Cayor. Malgré la domination du modèle matriarcal dans la Sénégambie jusqu’à une période relativement récente, le pouvoir a toujours été exercé par les hommes. Il fallait aller au Walo avec les reines Njeumbeut et Ndatté Yalla ou au Sud du Sénégal pour voir quelques exceptions. Sokhna Aïda devrait alors comprendre qu’elle a les épaules trop frêles pour réformer cette réalité historique et sociologique. Son cas est désespéré. M. Ibrahima Thiam, enseignant-chercheur UGB, Section Métiers du Patrimoine