Le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, face à la presse le 05 septembre 2019, a annoncé la décision du Gouvernement du Sénégal « d’orienter l’ensemble des nouveaux bacheliers 2019 dans les établissements publics d’enseignement supérieur ». Le Gouvernement revient ainsi sur son choix depuis 2013, toujours contesté par le SAES, d’orienter une partie importante des ressources publiques destinées à l’enseignement supérieur vers des structures privées au détriment des universités publiques existantes. Par ailleurs, le Ministre, dans sa communication, reconnaît l’insuffisance et la non-livraison d’infrastructures dont les constructions ont été entamées depuis plusieurs années, sans oublier le déficit d’enseignants dans les universités publiques. Le SAES rappelle, qu’il est membre de l’Internationale de l’Education (IE), une organisation qui lutte contre la privatisation et la marchandisation de l’éducation et milite pour un enseignement public de qualité accessible à tous. Par conséquent, pour éviter que cette décision brusque ne soit une façon habile de déplacer le problème de la prise en charge des bacheliers par les établissements privés de l’enseignement supérieur vers les universités publiques déjà affectées par les effectifs pléthoriques, le manque criant d’infrastructures et d’enseignants et l’insuffisance des budgets, le SAES exige avant l’envoi de l’ensemble de ces nouveaux bacheliers dans les universités publiques, le respect d’un certain nombre de préalables que sont entre autres: • l’achèvement et la livraison avant la prochaine rentrée universitaire de toutes les infrastructures équipées dans tous les campus ; • l’ouverture immédiate de 400 postes d’enseignants-chercheurs et le recrutement conséquent d’enseignants chercheurs pour arriver au moins à 70% de permanents à l’horizon 2021-2022; • le paiement des sommes dues aux vacataires qui accompagnent les universités dans leur fonctionnement : • l’augmentation conséquente dès 2020 de la dotation de l’Etat aux universités publiques pour atteindre l’objectif « budgets de vérité » et couvrir ainsi les dépenses pédagogiques, de recherche et de personnel ; • la programmation pour un démarrage progressif des Instituts Supérieurs d’Enseignement Professionnel (ISEP) ; • le respect de la loi 2015-26 du 28 décembre 2015 qui postule en son article 3 que « le Ministère de tutelle et les instances pédagogiques déterminent, d’un commun accord, les capacités d’accueil des universités publiques » ; Le SAES informe les parents d’élèves et l’opinion publique nationale et internationale qu’il a toujours œuvré pour que les bacheliers qui le désirent soient orientés dans le public et il veillera à l’accès pour tous les bacheliers à un enseignement supérieur public de qualité. C’est la raison pour laquelle il invite le Gouvernement à mettre en place les conditions de travail adéquates. Le SAES dégage toute responsabilité et tient le Gouvernement pour responsable de toutes les conséquences néfastes que pourraient entrainer cette décision si ces préalables ne sont pas respectés aggravant ainsi la situation difficile des universités publiques.
Fait à Dakar le 06 septembre 2019
Le Bureau National